Ravel, Boléro

Création marquée par une étrangeté qui n’a d’égal que son destin juridique, le Boléro de Maurice Ravel, est une musique de ballet pour orchestre en Ut majeur composée en 1928 pour sa dédicataire, la danseuse russe Ida Rubinstein, laquelle devait au départ danser sur une musique espagnole, d’après une œuvre d’Albenitz qui était encore sous droit, ce que Maurice Ravel apprit un peu tard : par voie de conséquence, ce dernier abandonna sa première idée pour composer à la hâte ce boléro pour la danseuse (ainsi est-ce révélé par une émission récente consacrée à ce boléro par la chaine de télévision France 5). Il en est résulté que, même si cette création a connu un succès planétaires (elle a été jouée aussi bien en jazz qu’en musique classique, en version mambo que disco…), elle est relativement répétitive et donc monotone, étant bâtie sur un rythme et un tempo invariables. Elle tire son originalité des effets d’orchestration, d’un lent crescendo et, in extremis, d’une courte modulation en mi majeur. Et, du point de vue de la gestion des droits qu’elle pouvait rapporter (et qui sont très importants, à ce qu’on a dit), l’œuvre est allée de décès en accident mortel, de détournement en sociétés écran, avec pour toile de fond un éditeur douteux et un avocat ancien conseiller juridique à la SACEM (v. Irène Inchauspé et Rémi Godeau, Main basse sur la musique. Calmann-Levy, 2003, p. 15 s. ). On l’écoute sur Youtube, interprété par le London Symphony Orchestra, sous la direction de Valery Gergiev :

https://www.youtube.com/watch?v=dZDiaRZy0Ak

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Publié le : 
07 Mai 2016
Auteur de l'article : 
Jérôme Huet
Source(s) : 
France 5 et divers