Le stream ripping

De plus en plus, à côté du streaming on parle du stream ripping. Et l’on peut se demander de quoi il est question, d’autant que le gros sujet d’inquiétude des producteurs de musique est ainsi devenu le stream ripping. En fait, il s’agit de la possibilité pour le quidam d’enregistrer comme s’il le téléchargeait le flux audio diffusé par un opérateur de streaming, YouTube, Deezer et autres plateformes similaires. Plusieurs distributeurs de logiciels permettent ainsi cette conversion. Qu'en est-il juridiquement ? La problématique, en réalité, est simple : en important sur disque dur de l’ordinateur ce qui aurait dû être consommé au fil de l’eau, et qui lui est diffusé par représentation, l’internaute effectue une copie et porte atteinte au droit de reproduction des producteurs, des artistes-interprètes (qui, en pratique cèdent leurs droits aux producteurs), et des auteurs. Il y a là une contrefaçon, selon l’association qui défend les producteurs de musique à l’échelle internationale, l’IFPI. Et peut-être peut-on soutenir que celui qui diffuse le logiciel de conversion se conduit comme complice de contrefaçon, par fourniture de moyens. Dans Les Echos, Guillaume Leblanc, directeur général du Syndicat national de l’édition phonographique – SNEP –, s’insurge et dénonce un « détournement de la consommation légale et une concurrence déloyale pour les services de streaming légaux comme Spotify, Deezer ou Apple Music » (Le stream ripping, cette nouvelle menace pour l'industrie musicale, 13. 9. 2016). Tout en demandant un dédommagement à YouTube, en tant que fournisseur de streaming. Comme si le SNEP n’avait jamais eu l'occasion de négocier ce point avec les plateformes ou d'agir sur le terrain de la négligence. En attendant, c'est un reproche de plus adressé à YouTube, déjà accusé de ne fournir que 10 % des revenus du streaming en France, pour 65 % des écoutes. Aux yeux de la HADOPI, l’industrie de la musique est confrontée à une problématique vieille comme le monde en informatique où, si on peut lire un contenu, on peut en principe l’enregistrer d’une manière ou d’une autre. Les chiffres de l’IFPI ne sont d’ailleurs pas une surprise. En octobre 2014, la HADOPI avait déjà estimé à 41% le nombre de consommateurs « de musiques, de films ou de séries [qui] ont déjà utilisé des convertisseurs pour transformer de la musique ou un film diffusés en streaming en ficher audio ou vidéo ».

Publié le : 
31 Octobre 2016
Auteur de l'article : 
Jérôme Huet
Source(s) : 
NextImpact